C’est dans le silence pesant d’un soir d’adieu, le soir où nous avons rendu Antoine à l’éternité, que tout a pris sens. Entouré des miens, le cœur en lambeaux, j’ai pris cette décision : créer l’association. Comme une lueur fragile dans la nuit noire de la perte, elle est née de nos larmes, de ce besoin brûlant de transformer la douleur en quelque chose de plus grand.
Je me suis dit alors, avec une clarté nouvelle : si tout ce que la vie m’a offert – cette notoriété, ce nom que j’ai forgé au fil du temps – ne sert pas à sauver ne serait-ce qu’une seule âme, alors pourquoi tout cela ? À quoi bon ces succès, ces reconnaissances, si je ne peux en faire un refuge pour ceux que la route a brisés ?
J’ai eu cette chance rare, celle de porter la voix de ceux qu’on n’entend pas, de ces anonymes que le chagrin rend invisibles. Et l’univers m’a offert cette grâce : on m’a écouté. Alors, je continue, parce que dans ce combat, il y a plus que la mémoire de mon fils. Il y a cette flamme, ce devoir de veiller sur les autres, de transformer chaque cri en un souffle d’espoir. Parce qu’au fond, c’est cela, la véritable victoire : sauver, même un seul.